Non, je ne m’incline pas devant le drapeau

L’excellent Claude Guillon (comme il se présente lui-même : écrivain anarchiste de langue française, né en 1952, il a publié une quinzaine de livres, principalement des essais, et quelques incursions en littérature), nous signale sur son blog « lignes de force » une citation pacifiste d’Henri Barbusse, pourtant engagé volontaire en 14-18…

Mais en 1919, dans Clarté, l’écrivain de gauche semble avoir évolué et s’est vu retiré ces feuillets par la censure. Claude Guillon présente les pages incriminées sur son blog. En tout cas une bien belle citation !

… Non, je ne m’incline pas devant le drapeau. Il me fait peur, je le haïs et je l’accuse. Non, il n’est pas la beauté, il n’est pas l’emblème du coin de terre natale dont il trouble le tableau avec sa tache sauvage et bariolée. Il est l’enseigne criarde de la gloire des coups, du militarisme et de la guerre. Il déploie à travers les houles vivantes un signe de suprématie et de domination : c’est une arme. Ce n’est pas l’amour d’un pays, c’est la différence tranchante, orgueilleuse et agressive qu’on affiche vis-à-vis des autres. C’est l’aigle de couleur que rêve les conquérants et de leurs dévots voit en pays étranger, voler de clocher en clocher…

Henri BARBUSSE (Clarté, 1919)

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